Femmes et engagement dans l'individualisme anarchiste : à Paris (France) à la Belle Époque, 1900-1914

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En 1968 - la même année où mourait Rirette Maîtrejean - sortait le film réalisé par Philippe Fourastié, La Bande à Bonnot. Deux ans plus tard, Daniel Guérin (1904-1988), militant communiste libertaire, écrivait : « Un film récent consacré à La Bande à Bonnot, sous couleur de le [l'anarchisme]1 faire revivre et de le remettre à la mode, visait, en réalité, à le discréditer ». En effet, on peut reprocher au film sa tendance à caricaturer l'anarchisme en le réduisant à l'épopée tragique des bandits de la rue Ordener (Paris, 1912), tout comme ses inexactitudes historiques. Mais le film ne se contente pas de caricaturer l'anarchisme, il représente aussi les femmes du milieu individualiste comme des figurantes, cachées derrière les hommes. Rirette, pourtant devenue l'une des principal·es protagonistes lors du procès des bandits en 1913, est l'une de ces figurantes. Alors qu'elle est mentionnée dans le générique et qu'elle apparaît plusieurs fois dans le film, son nom n'est jamais prononcé. Elle porte un « col Claudine » et elle apparaît toujours aux côtés de Victor Kilbatchiche (Victor Serge), c'est par ces indices que l'on devine qui elle est. Le film montre, au tribunal, une Rirette silencieuse et passive. Il ne lui rend pas justice, ni aux femmes anarchistes en général. Cette vision cinématographique – qui est à comprendre dans le contexte de l'histoire des luttes et des représentations misogynes des années 1968 – relègue les femmes au second plan. Ont- elles réellement été des figurantes de l'individualisme, restées dans l'ombre des militants charismatiques, tels que Victor Serge ? À quel point cette représentation des femmes, postérieure aux événements de 1912, reflète leur histoire ?


C'est donc l'histoire de ces « figurantes » de l'individualisme parisien de la Belle Époque (1900- 1914) que nous tenterons de retrouver.