L'espace public au-delà de l'agir communicationnel

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Ballarini, Loïc, “L'espace public au-delà de l'agir communicationnel,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 28 mars 2024, https://octaviana.fr/document/152481567.

À propos

Ce travail vise à définir les conditions d’un renouvellement de la portée théorique et empirique du concept d’espace public. À partir d’une lecture critique du livre fondateur de Jürgen Habermas et des principales contributions dans le champ des Sciences de l’information et de la communication, en m’inscrivant dans une démarche interdisciplinaire faisant appel à la philosophie, aux études littéraires et linguistiques, à la géographie, à la sociologie et à l’ethnologie, et en m’appuyant sur des entretiens avec des lecteurs de presse régionale, je propose d’opérer quatre renversements de perspective permettant de dépasser les limites de la conception habermassienne de l’espace public. Il s’agit tout d’abord de renoncer à toute idée d’un âge d’or pour considérer l’espace public comme un ensemble de processus dynamiques. La deuxième étape consiste à le concevoir comme le lieu symbolique de formation des opinions personnelles, et non, comme le fait Habermas, comme le creuset d’une opinion publique plus fantasmée que scientifiquement établie. La conception universelle, unique et médiatique de l’espace public habermassien constituant elle aussi une impasse, un troisième renversement conduit à envisager un espace public fragmenté, local et conversationnel. Ces trois premiers renversements de perspective sont rien moins que nécessaires pour pouvoir continuer à étudier l’espace public dans le monde contemporain. Ils permettent d’en faire un concept central dans l’étude de la circulation des idées et des nouvelles. Mais, comme le montrent les entretiens, ils trouvent aussi leurs limites en ce qu’ils n’autorisent qu’un abord superficiel de la question de la formation des opinions personnelles. Donner sa pleine mesure au potentiel heuristique de l’espace public passe donc par un quatrième renversement de perspective, qui consiste à faire sortir le concept de la théorie de l’agir communicationnel pour l’intégrer à une théorie de la société capable d’expliciter les rapports sociaux. Là où Habermas réifiait son concept en le soumettant à l’illusion d’une société guidée par la recherche de l’entente, une critique marxiste ouverte aux différentes recherches sur les processus de socialisation permet à l’espace public de prendre en compte les conditions objectives et les rapports de force dont est faite la société.

The aim of this thesis is to define a theoretical and empirical renewal of the concept of public sphere. It is based on a critical reading of Habermas’ founding book and on the main scientific contributions in the field of Information Sciences. It is also an interdisciplinary work that has recourse to philosophy, litterature and linguistic studies, geography, sociology and ethnology. The field work consists in interviews with readers of regional press. All these dimensions lead me to propose four perspective reversals that allow to go beyond the limits of Habermas’ conception of the public sphere. First of all, it is about refusing every idea of a golden age of the public sphere, but considering that the public sphere is a set of dynamic processes. The second point is about considering the public sphere as the symbolic place of the making of personal opinions, contrary to Habermas, who thinks it leads to public opinion, which appears to look like a fantasy rather than a scientific concept. Habermas’ conception of the public sphere is univesal, unique and based on media. It is also a dead-end, that is why the third perspective reversal is about considering the public sphere as framgmented, local and based on conversation. The first three perspective reversals are nothing but necessary in order to be able to keep on studying the public sphere in a contemporary context. They allow to make the public sphere a central concept in the study of the circulation of ideas and news. But they also encounter some limits, showed by the analysis of the interviews. The question of the making of personal opinions can indeed only be treated superficially. In order to give the concept of public sphere its plain heuristic potential, we need a fourth perspective reversal, which is about getting the concept out of Habermas’ theory of communicative action and integrating it into a social theory which is able to explain social relations. As far as Habermas’ public sphere depends on the illusion of a society looking for mutual understanding, his concept becomes reified. On the contrary, a marxist critique of the concept, that remains open to studies on socialization processes, allows the public sphere to take account of the objective conditions and power struggles from which society is made.

Sujets

Socialisation Philosophie du langage Philosophie de l'action Philosophie sociale Marxisme

Auteur

Ballarini, Loïc

Collaborateur

Guyot, Jacques (sous la direction de)

Source

Paris 8, BU - Saint-Denis, Magasin 2, TH2852

Date

2010

Identifiant

152481567

N° national de thèse

2010PA083228

Droits d'accès

Accessible à tous

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Discipline (Thèse)

Sciences de l'information et de la communication

Domaine (Dewey)

020 Bibliothéconomie. Sciences de l’information