Traduire la croyance

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Bouvier, Agnès, “Traduire la croyance,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 20 avril 2024, https://octaviana.fr/document/136008267.

À propos

Pour Flaubert, écrire sur Carthage, c'est vivre la souffrance du traducteur. Dans sa correspondance, il présente les difficultés liées à la création littéraire en termes de traductologie, reprenant les positions du débat de son temps entre les partisans de la traduction littérale et ceux qui s en tiennent à la tradition des "belles infidèles". Toute une partie de son travail documentaire pour Salammbô consistera ainsi à retrouver des éléments lui permettant de reconstituer la langue perdue de Carthage au cours d'enquêtes philologiques qui le rapprocheront de la nouvelle école critique venue d'Allemagne et dont les principaux représentants en France sont Ernest Renan et Alfred Maury. Pour retrouver le "punique", une branche de la famille des langues sémitiques si proche de l'hébreu que la plupart des érudits consultés par Flaubert proclament la quasi-identité des deux langues, le romancier se fonde sur une traduction littérale de la Bible, celle de Samuel Cahen, publiée de 1831 à1851. Cette proximité linguistique engage Flaubert à penser l'identité théologique entre les cultes carthaginois et les fondements du judéo-christianisme et à formuler l'équivalence "Jéhovah = Moloch", qu'on trouve mentionnée dans les avant-textes de Salammbô. Le recours au littéralisme occasionne donc une remontée en direction des croyances fondatrices de l'Antiquité, dont Flaubert cherche à reconstituer la production. Nous montrerons ainsi, par l'étude génétique du roman, comment Flaubert mobilise les savoirs qu'il rassemble pour donner le sentiment de lire un texte qui appartient au monde qu'il décrit et à l'idiome perdu qu'il recrée.

Writing on Carthage was felt by Flaubert like experiencing the sufferings of the translator. In his letters, he compares the struggles of literary creation to the difficulties of translation, the choice lying between the new methods of literal translation and the traditional unfaithful way of translating. A major part of Flaubert's documentary work for Salammbô consists in finding Carthage's lost language, through linguistical and philological researches which would draw him nearer to the new german critical school represented in France by Ernest Renan and Alfred Maury. As the punic language is considered by the contemporary scholars to be a linguistic branch of the semitic tongues, Flaubert grounds his work on a literal version of the Bible (translated by Samuel Cahen from 1831 to 1851). This linguistic propinquity leads Flaubert to the conclusion of a theological similitude between the punic cults and the origins of judeo-christianity. He gives expression to this idea through the phrase "Jehovah = Moloch" (readable in Salammbô's drafts). The literal translation leads to the rediscovery of ancient time's basic beliefs ; and Salammbô is an attempt to reconstruct them by fiction. This study aims at demonstrating, through genetic analysis, how Flaubert uses his scientific knowledge in order to produce the illusion of a novel issued from ancient times, that is to say : belonging to the times of the story told and told in a lost imaginary language.

Sujets

Bible et littérature Littérature -- Philologie allemande

Auteur

Bouvier, Agnès

Collaborateur

Neefs, Jacques (sous la direction de)

Source

Paris 8, BU - Saint-Denis, Magasin 2, 2522/1TH, 2522/2TH & 2522/3TH

Date

2007

Identifiant

136008267

Droits d'accès

Accessible à tous

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Discipline (Thèse)

Littérature française

Domaine (Dewey)

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