[Les théories marxistes] Esquisse d'une théorie marxiste des crises périodiques
Collection
Ernest LabrousseCiter ce document
À propos
"Il n’existe, à l’heure actuelle, aucune théorie des crises périodiques ralliant la majorité des suffrages dans le monde économique officiel ou simplement non marxiste. C’est un signe du désarroi profond de la science économique. Le temps est loin où s’affirmait avec une belle assurance la confiance des économistes dans leur science et dans les destins du capitalisme. Les représentants de la science officielle contemporaine sont infiniment plus modestes et plus troublés à mesure que s’affirment la périodicité et la violence des crises. Leurs explications trop nombreuses ont contre elles une fâcheuse diversité et une complexité décevante. Diverses, elle le sont au point d’attribuer les crises à des causes nettement opposées : les unes invoquant l'abondance, les autres la rareté des capitaux à la fin d’une période d’essor, ou encore le manque ou l’excès de crédit, l’insuffisance ou la surabondance d’épargne. Leur complexité, qui n’est pas moindre, peut sans doute s’autoriser de la complexité de la vie économique elle-même. Cependant de cette complexité de la vie économique moderne surgit le phénomène simple et régulier du retour de la crise qui suggère plutôt l’idée d’une cause simple et profonde.
Marx, qui sait entrer dans l’analyse minutieuse des faits, a aussi l’intuition géniale qui les domine et les relie. Il a su voir et suivre dans ses effets, à travers les complications infinies de l’économie capitaliste, l’antagonisme irréductible de deux classes sociales, antagonisme dont les crises sont une des conséquences tangibles.
«La raison dernière de toutes les crises, c’est toujours la pauvreté et la consommation limitée des masses, opposées à la tendance de la production capitaliste de développer les forces productives comme si celles-ci ne connaissaient pas d’autres limites que la capacité absolue de consommation de la société».
C’est dans cette opposition entre production et consommation, traduisant l’opposition d’intérêts entre capitalistes et salariés que se trouve la cause de la surproduction, donc des crises.
La surproduction est ici le phénomène-clef sur lequel viennent se greffer les troubles monétaires, les agitations du crédit, les irrégularités de la production, la fièvre de la spéculation,etc., toutes circonstances dérivées qui ont servi de base à autant de théories.
Cependant Marx, dont l’œuvre renferme de nombreux et profonds aperçus sur les crises, n’a pas donné de celles-ci une théorie méthodique et suivie. Les marxistes qui s’y sont essayés ne se sont pas toujours entendus au sujet de la surproduction. Ils ont discuté à l’infini sur le célèbre schéma de la production établi par Marx et dont Marx lui-même n’a pas poursuivi l’étude au point de vue spécial des crises. L’esquisse présentée ici voudrait montrer que du schéma, convenablement développé, résulte bien la surproduction et que de la surproduction résulte la crise. Elle appellera l’attention sur ce point trop négligé que la surproduction, qui est une surproduction d’objets de consommation, est nécessairement accompagnée d’une sous-production corrélative de moyens de production et elle fera voir que cette dernière n’influe pas moins que la surproduction sur la marche cyclique de l’économie."
Préface tirée de Esquisse d'une théorie marxiste des crises périodiques.
Sujets
Auteur
Source
Éditeur
Date
Identifiant
Droits d'accès
Conditions d'utilisation
Domaine (Dewey)
Recherche catalogue
Rechercher des documents connexes dans ces catalogues: