Archiver les messageries électroniques : enjeux, méthodes et limites à partir de l’étude de cas des données issues du Centre de crise sanitaire collectées par la Mission archives placée auprès des ministères sociaux

À propos

Ce présent mémoire témoigne de mon immersion en qualité d’apprentie archiviste au sein de la Mission des archives placée auprès des ministères sociaux. Ce service d’archives ministériel, positionné en archivage intermédiaire, est directement impliqué dans plusieurs projets innovants pour le traitement des archives électroniques : création de l’application Archifiltre et membre porteur du SAE Vitam en tant que service (VAS). Il collecte au quotidien les archives produites par l’administration centrale des ministères sociaux, c’est-à- dire les services de l’administration centrale chargés de l’élaboration et de la mise en œuvre de politiques sociales en matière de travail, d’accès à l’emploi, de formation professionnelle, mais aussi dans le domaine sanitaire et social, dont la gestion de l’offre de soins en lien avec les Agences régionales de Santé (ARS), les politiques de prévention en matière de santé publique ou encore le contrôle et le suivi des épidémies et des maladies transmissibles.

La mission principale qui m’a été confiée s’inscrit dans cette dernière thématique de production documentaire : la gestion des épidémies. Au début du premier confinement, en mars 2020, le Service interministériel des Archives de France (SIAF) a lancé un appel à contribution sur Twitter pour collecter les archives du Covid. S’en sont suivies de nombreuses initiatives de collecte, portées aussi bien par des institutions patrimoniales ou des établissements administratifs que par des acteurs privés ou des personnes anonymes. Les typologies documentaires résultant de cette grande opération de collecte sont nombreuses et variées : journaux de confinement, témoignages oraux, collection d’articles de presses, de tweets, de pages internet, etc.

A présent, trois années se sont écoulées depuis le début de la collecte de ces archives. Les professionnels de la gestion de l’information doivent désormais faire face à desproblèmes d’exploitabilité, notamment pour les archives produites sur support électronique, comme l’explique un article d’une revue scientifique anglaise s’interrogeant sur les sources laissées aux historiens de demain :

« Des outils d’exploitation des données et d’apprentissage automatique seront nécessaires pour explorer des ensembles de données aussi vastes, et le Président [de l’université d’Oxford] craint que ces outils ne soient pas encore aussi bien développés que ceux utilisés pour la collecte. C’est une préoccupation partagée par d’autres. ‘’ Ce qui est intéressant à propos de cette pandémie, c’est que nous risquons de nous retrouver avec trop d’informations et très peu de sens dans la façon de les trier’’ selon l’historienne Erica Charters de l’Université d’Oxford. »

Face à l’urgence de la situation sanitaire mondiale et aux dispositions prises par le Gouvernement français, se manifestant entre autres par la mise en place d’un Centre de crise sanitaire (CCS) dédié à la gestion et à la résolution de l’épidémie de coronavirus, le bureau des archives des ministères sociaux a mis en place une politique collecte dédiée à cette activité. Le contexte du confinement ayant favorisé la pratique du télétravail et limité les échanges physiques, ces archives sont principalement numériques. Elles sont constituées des espaces bureautiques, serveurs partagés des messageries électroniques produits par les agents du Centre de crise sanitaire.