Les Nuits de la Fondation Maeght, 1970 : étude sur l’indiscernabilité des free musics, entre fixité et performance

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Marin, Thibaut, “Les Nuits de la Fondation Maeght, 1970 : étude sur l’indiscernabilité des free musics, entre fixité et performance,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 2 mai 2024, https://octaviana.fr/document/271548312.

À propos

Dans l’optique d’aborder rigoureusement les rapprochements entre des pratiques musicales issues des traditions jazz et les évolutions de l’écriture contemporaine occidentale, un corpus d’étude précis et localisé a été choisi. Les exemples, s’ils ne sont pas rares, demeurent en revanche très largement inexplorés. L’initiative de Victor Schonfield au Royaume-Unis avec la création en 1967 de son association Music Now, tissa des liens uniques entre des musiciens américains de l’avant-garde du jazz, à l’image de Sun Ra, et des compositeurs européens comme Cornelius Cardew. L’équivalent sur le sol allemand se manifesta durant le festival de Donaueschingen – salué par Helmut Lachenmann pour son caractère novateur et hautement entreprenant –, au cours duquel compositeurs et musiciens de free jazz pouvaient se croiser et échanger. En France, la Fondation Maeght joua un rôle similaire et fut saluée de nombreuses de fois pour avoir mis à l’honneur une transdisciplinarité artistique unique. Toutefois, malgré une place à l’intersection des mondes de la création contemporaine, nous relevons une carence en matière d’écrits académiques traitant spécifiquement du festival des Nuits de la Fondation Maeght, qui se déroula à Saint-Paul de Vence de 1965 à 1970. La densité de la production musicale durant ces cinq éditions des Nuits sera notre terrain d’étude, tant cet exemple est pour nous symptomatique du développement d’une free music européenne. Méthodologiquement, la grande variété musicale du programme de ce festival nous a contraint à restreindre notre sujet à l’année 1970, ultime itération des Nuits.

  Par un travail historiographique d’analyse des archives à notre disposition, nous débuterons ce travail en questionnant les rapports de réceptions et d’appropriations qui sous- tendent l’arrivée de ces musiciens en France. La musicologie historique ne sera pas la seule discipline des sciences humaines à être mobilisée, puisque pour saisir les dynamiques contextuelles qui ont influencé le développement des pratiques qui nous intéresse, notre regard se doit d’être transversal. Ces interrogations auront pour finalité de justifier et définir la distinction essentielle entre free jazz et free musics, qui doit être clarifiée en amont d’un travail analytique plus approfondie. Il nous incombera par la suite de relever les problématiques inhérentes au moment de la création musicale en performance ; ces processus seront détaillés à l’aide de l’ontologie, qui permettra de particulariser les free musics en tant que mouvements musicaux singuliers. Détailler la complexe série des niveaux ontologiques qui régissent le moment de la performance posera non seulement les fondations de notre analyse mais mettra également en évidence le caractère éminemment multiple de ces pratiques.

  Nous montrerons que cette multiplicité caractéristique des free musics se déploie aussi du côté des temporalités employées par ces musiciens. Ainsi, par une confrontation de la conception de Gilles Deleuze avec celle de Hughes Dufourt, nous tenterons de saisir les ressorts temporels du moment de la performance, et plus particulièrement des liens entre matériau fixé et performé. L’usage du temps musical sera le prisme à travers lequel nous tenterons d’élaborer une phénoménologie propre aux free musics – enjeux d’ordre phénoménologiques car l’intérêt se trouve tout autant dans les pratiques exécutées par les musiciens, que dans les perceptions que l’on en a. En analysant, d’une part, le passage du quintet d’Albert Ayler aux Nuits de 1970, et d’autre part, la composition de Earle Brown spécifiquement commandée par la Fondation lors de cette même édition, nous éprouverons notre travail théorique au sein de leur musique. Sous le signe de l’interactivité en performance et de l’indiscernabilité du matériau musical employé, notre conclusion analytique proposera des moyens nouveaux de représentations graphiques, afin de contourner les limites de la transcription traditionnelle. En somme, par quels moyens transversaux peut-on expliquer les mécanismes communs d’indiscernabilité mis à l’œuvre dans les free musics – mouvement se heurtant communément à des problématiques ontologiques –, et faire ainsi progresser l’analyse musicale contemporaine ?

Sujets

Art moderne Fondation Marguerite et Aimé Maeght Free music production records

Auteur

Marin, Thibaut

Collaborateur

Oviedo, Álvaro (Sous la direction de) Philippe Michel (Sous la direction de)

Source

Paris 8

Date

2022

Identifiant

271548312

Droits d'accès

Accessible à tous

Conditions d'utilisation

Toute reproduction même partielle est interdite sans accord exprès de(s) l'auteur(s) ou ayant-droit(s)

Discipline (Thèse)

Musicologie

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