La démocratie à l’heure de la mondialisation : regard sur la crise de la transition démocratique en Haïti

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Mercon, Rony, “La démocratie à l’heure de la mondialisation : regard sur la crise de la transition démocratique en Haïti,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 3 mai 2024, https://octaviana.fr/document/269917209.

À propos

Depuis la fin de la guerre froide et la chute du Mur de Berlin en 1989, il apparaît que, parallèlement aux avancées de la mondialisation, la démocratie a également connu une forte progression. Nombreux sont les États qui avaient adopté la démocratie comme régime politique. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), entre 1985 et 2007, le nombre de pays gouvernés de façon démocratique est passé de moins de 60 à plus de 140 pays (Bosse, 2010 : 1). Tout semblerait indiquer que la mondialisation ne se contente pas de répandre l’économie de marché, mais aussi la démocratie. Or, force est de constater, avec le processus de mondialisation, que le fossé entre les citoyens et le pouvoir n’a jamais été aussi grand. Il apparaît que le contrôle échappe de plus en plus aux États singuliers et à leurs citoyens. Ces derniers sont de plus en plus incapables d’exercer le contrôle de leur propre destinée. L’État, le lieu de la légitimité démocratique du pouvoir et le garant d’une protection sociale, cesse d’être le cadre pertinent. La démocratie est de plus en plus évoquée aujourd’hui, pour reprendre les mots de Norbert Lenoir (2006), « sous le mode de la nostalgie d’un trésor perdu du politique ou d’un idéal trahi ». Elle ne correspond plus aux principes qui lui ont donné naissance.

Ainsi, nous nous demandons si la démocratie et la mondialisation se développent en symbiose et se renforcent mutuellement comme on le prétend, et s’il n’y a pas lieu, au contraire, de penser les difficultés, les incertitudes et même les apories de la démocratie contemporaine dans son rapport avec la mondialisation, sous son nouveau visage de gouvernance mondiale. En effet, avec l’apparition des différents organismes transnationaux ou multinationaux (tels que D 9 la Banque mondiale, le Fonds Monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC)...) comme nouveaux protagonistes des affaires mondiales et l’émergence de nouvelles formes de régulation, l’environnement international se modifie considérablement. Par leurs actions, ces organismes, ces organisations, brisent le contrat politique sur lequel la souveraineté nationale exclusive reposait et en vertu duquel les États contrôlent leurs territoires en s’appuyant sur le consentement des citoyens. Ayant acquis un rôle croissant dans le contexte de la mondialisation contemporaine, ces organisations ont une place de choix. Dans cette perspective, l’idée de « gouvernance mondiale » qui s’en résulte se distingue nettement de l’idée classique du gouvernement. Car, comme l’a fait remarquer plus d’un, la gouvernance mondiale met en cause le modèle étatique qui confie aux seules autorités politiques la responsabilité de la gestion des affaires publiques. S’inscrivant dans l’esprit du néolibéralisme économique, elle affirme la supériorité de la gestion managériale privée sur le gouvernement public, elle prône un dessaisissement par les États de leurs attributions.

Ce constat soulève d’importantes questions : sommes-nous en démocratie, un régime où le peuple (se) gouverne ? Un régime où les représentants élus mettent en œuvre la « volonté populaire » ? Ou vivons-nous dans une apparence de démocratie ? Autrement dit, pour reprendre les mots de Herve Kempf (2011), dans « une oligarchie travestie en démocratie » ? Qu’advient-il de l’idéal démocratique dans ce nouveau contexte de la mondialisation ? Cette dernière interrogation se révèle encore pertinente quand on sait que, comme l’écrit très bien Kaboré (2001 : 21), « L’idéal de démocratie structure notre univers de pensée, définit notre horizon politique, et justifie nos revendications les plus originaires, traduit les valeurs et les aspirations les plus profondes des hommes et des femmes de notre temps ».

Dans cette étude, nous soutenons l’idée suivante (qui est la première des deux thèses étroitement liées soutenues dans ce travail) : loin de l’idée selon laquelle la démocratie et la mondialisation se développent en symbiose et se renforcent mutuellement, pour comprendre la crise de la démocratie actuelle, il faut la penser dans ses rapports complexes, voire conflictuels, avec la mondialisation. Ainsi, nous monterons dans cette étude que ce qui se définit sous le nom de démocratie dans le contexte actuel de la mondialisation, c’est une oligarchie supranationale au sein de laquelle le peuple est mis progressivement à l’écart du pouvoir. Cette mise à l’écart commence paradoxalement avec les fondateurs de la démocratie moderne, puis elle devient plus importante avec le processus actuel de la mondialisation.

Sujets

Gouvernement démocratique Nation et mondialisation Politique et gouvernement -- Haïti

Auteur

Mercon, Rony

Collaborateur

Douailler, Stéphane (Sous la direction de)

Source

Paris 8

Date

2020

Identifiant

269917209

Droits d'accès

Accessible à tous

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