« Rêver l'obscur » face au désastre écologique : écopsychologie et éthique(s) du care à l'appui d'un écoféminisme radical

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Gattère, Bénédicte, “« Rêver l'obscur » face au désastre écologique : écopsychologie et éthique(s) du care à l'appui d'un écoféminisme radical,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 28 avril 2024, https://octaviana.fr/document/264848624.

À propos

#PrayforAmazonia, #PrayForAmazons, #PrayForTheAmazon : le besoin de prier pour la forêt amazonienne au moment des grands incendies de 2019, – l'année du « Black Summer » – , ou de procéder à l'enterrement des glaciers émerge en même temps que ces derniers se retrouvent submergés par la montée des eaux. Un sentiment diffus semble faire surface qui ne se réduit pas à l'inquiétude engendrée par le constat de la simple disparition de la banquise ou par celui de la perte effective de possibilité de production d'oxygène par les plantes transformant le dioxyde de carbone, et qui se retrouvent, pour cette fois, carbonisées.

Dans la veine du concept de « solastalgie » forgé par le philosophe australien cherchant des mots qualifiant ou requalifiant nos rapports avec la Terre, Glenn Albrecht, nous pouvons émettre l'hypothèse suivante : les contemporain·ne·s de la catastrophe à venir ou annoncée se tourneraient vers la prière et le rite face à la dégradation de nos milieux dits « naturels » car iels en sont affecté·e·s, et seraient en proie à un « sentiment de détresse ou de désolation psychologique », spécifiquement provoqué par l'état actuel du monde – il s'agirait d'une solastalgie étendue, Albrecht évoquant quant à lui plutôt l' « environnement proche » et le « territoire ». À des préoccupations d'ordre social et politique concernant les questions d'écologie se mêlent des préoccupations de l'ordre des affects, de l'intime, afférentes au psychique. D'un point de vue féministe, les questions de l'ordre de l'intime ont rejoint le politique depuis longtemps : cette imbrication se trouverait ainsi réactivée à l'aune des questions environnementales.

Il est certain que face au constat d'une perte de la biodiversité de nos écosystèmes et nos milieux – même urbains car la ville s'uniformise – croît un « sentiment de crise et d’imminence du cataclysme » dans un monde devenu un monde d'« incertitude extrême ( radical uncertainty ) ». De nos jours, « l’actualité des métamorphoses éco-humaines globales se donne à lire dans le ventre d’un caribou tué gisant aux pieds de son chasseur sur les hauts plateaux des Yukon Flats en Alaska » : il n’y a pas de territoire qui serait épargné dans un monde globalisé. En préface de l’ouvrage récemment traduit en français du spécialiste en études de l’extinction australien Thom van Dooren, la philosophe belge Vinciane Despret reprend sa description d’un « lent effilochage de modes de vie intimement enchevêtrés ». Le philosophe français Baptiste Morizot, reprenant quant à lui Jason Moore, mentionne ainsi une « ‘‘cheapisation’’ [du tissu] du vivant », à la fois « désaffecté », dévalué et dépolitisé. Morizot va plus loin en parlant de « ‘‘cheapisation’’ ontologique », constat qui en appelle à un changement de paradigme.

Sujets

Ecologie Féminisme Écoféminisme Écologie profonde

Auteur

Gattère, Bénédicte

Collaborateur

Brugère, Fabienne (Sous la direction de)

Source

Paris 8

Date

2021

Identifiant

264848624

Droits d'accès

Accessible à tous

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Discipline (Thèse)

Études sur le genre

Domaine (Dewey)

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306 Culture et comportements, anthropologie sociale et culturelle