Mallarmé et la « Crise de vers » : au-delà de l’opposition du vers régulier parnassien et du vers libre symboliste, la partition du Coup de dés

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Shimizu, Yoshiaki , “Mallarmé et la « Crise de vers » : au-delà de l’opposition du vers régulier parnassien et du vers libre symboliste, la partition du Coup de dés,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 29 avril 2024, https://octaviana.fr/document/264791967.

À propos

Stéphane Mallarmé (1842-1898), poète du XIXe siècle, bien connu dans le monde littéraire comme maître du symbolisme de la fin du siècle, annonce : « On a touché au vers » à l’occasion des conférences à Oxford et à Cambridge en 1894. Il s’agit du vers libre qui est apparu dans l’histoire de la poésie française à la fin du siècle. C’est ce que le poète nomme « Crise de vers ». À cette époque, les jeunes poètes comme Jules Laforgue, Henri de Régnier, Vielé-Griffin et Gustave Kahn par exemple tenaient à chercher une émancipation du vers régulier que symbolise le poème parnassien. Cependant, avant ces conférences, Mallarmé a déjà annoncé l’arrivée du nouveau mouvement dans le domaine de la poésie. Il répond à une enquête menée en mars 1891 par le journaliste Jules Huret (1864-1915), Intitulée Sur l’évolution littéraire, cette enquête porte sur le mouvement littéraire à ce moment-là comme le naturalisme symbolisé par Émile Zola. Par rapport au mouvement poétique, Mallarmé nous explique qu’il y a deux écoles : d’un côté les Parnassiens, qui sont fidèles au vers strict, d’un autre côté les vers-libristes, qui ont des préférences pour le rythme de chaque poète.
Pour Mallarmé, l’arrivée de ce mouvement s’explique par la mort de Victor Hugo (1802-1885).
Aux yeux de Mallarmé, le poète romantique aux talents multiples est le dépositaire de la versification française.
"Un lecteur français, ses habitudes interrompues à la mort de Victor Hugo, ne peut que se déconcerter. Hugo, dans sa tâche mystérieuse, rabattit toute la prose, philosophie, éloquence, histoire au vers, et, comme il était le vers personnellement, il confisqua chez qui pense, discourt ou narre, presque le droit à s’énoncer."
Pour Mallarmé, Hugo symbolise le vers français. C’est pourquoi la mort de Hugo signifie une disparition de l’autorité dans le monde poétique. Mallarmé qualifie la situation que l’on avait après la mort de Hugo d’« interrègne ». Peu avant la mort de Hugo en mai 1885, Mallarmé publie sa « Prose (pour des Esseintes) » dans La Revue indépendante, en janvier. La dédicace à « des Esseintes », personnage principal d’À rebours (1884), roman de Huysmans qui cite abondamment Mallarmé, a été ajoutée dans la version de 1885, où nous pouvons remarquer au quatrième strophe une connotation de l’ébranlement de la souveraineté : « L’ère d’autorité se trouble ». D’après le manuscrit que possède Luigi Gualdo, ami italien de Mallarmé, probablement antérieure à 1879, le mot « autorité » est remplacé par « infinité ». Paul Bénichou explique que l’autorité est celle de la tradition que le XIXe siècle n’a cessé de mettre en question. Dans ce sens, l’ère d’autorité peut être le temps du consensus et des convictions, qui s’oppose à l’ère de la libre discussion6. Cela nous permet de dire que Mallarmé prévoyait le désarroi qui suivrait la mort de Hugo.
Les vers-libristes comme Jules Laforgue, Henri de Régnier et Vielé-Griffin étaient les membres qui fréquentaient l’appartement de Mallarmé, situé dans la rue de Rome. C’est-à-dire que les vers-libristes étaient, en gros, identiques aux Mardistes, participants du salon de Mallarmé et c’était eux qui s’engageaient dans le mouvement symboliste. En bref, ils étaient disciples de Mallarmé.
Alors, Mallarmé, qui s’écartait des Parnassiens, n’a pas écrit lui-même de vers libres. D’après Jean-Nicolas Illouz, sa position est celle d’un témoin, c’est-à-dire qu’il se tient à l’écart de cette aventure poétique.

Sujets

Littérature française Poésie Poésie symboliste

Auteur

Shimizu, Yoshiaki

Collaborateur

Illouz, Nicolas (Sous la direction de)

Source

Paris 8

Date

2022

Identifiant

264791967

Droits d'accès

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