Dialogues de remémorations
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Dans une période où la méfiance et l’espoir, l’imposition, le doute et l’incertitude se confondent en Colombie, une œuvre, conçue par l’artiste Doris Salcedo, nommée Fragmentos. Espace d'Art et Mémoire a été édifiée et inaugurée en 2018 au centre de Bogotá, capitale de la Colombie. Elle est le résultat de la commande d’un monument passée par l’État Colombien, à la suite de la signature de l’Accord de Paix1 avec les FARC-EP, en 2016. Cette œuvre prend la forme d’une maison d’architecture moderne avec une façade de l’époque coloniale. Une grande partie des murs à l’intérieur sont des grandes verrières. Ces murs révèlent des jardins qui hébergent les restes d’une maison coloniale. Le sol de la maison moderne est métallique et irrégulier. Il a été élaboré entièrement avec le métal d’armes déposées après la signature de l’Accord de Paix par les ex-combattants des FARC-EP, et ainsi il constitue une trace qui témoigne du début d’un cessez-le-feu dans une confrontation armée qui s’étale sur une période de 53 ans.
[...]
En effet, Fragmentos. Espace d'Art et Mémoire vise l’opposition conceptuelle des principes traditionnels monumentalistes. Dans ce sens, Salcedo ne rendra pas hommage auxdits gagnants qui après la signature célèbrent leurs triomphes : ni à l’État qui célèbre le début de la « fin » d’une guerre favorisant le progrès de la Nation ; ni au gouvernement qui a proposé le texte de l’Accord de Paix, représenté par le Président Juan Manuel Santos, qui a reçu le prix Nobel de la Paix à titre personnel avant la signature définitive de l'accord en raison de son travail pour mettre fin à cette longue confrontation ; ni aux FARC-EP qui célèbrent leur citoyenneté réincorporée, leur permettant de participer aux Congrès de la République et de mener leurs revendications sociales en se servant de la parole au lieu d’armes. Comme un accord a dû être signé, aucun participant n'a été reconnu comme gagnant. L’artiste affirme ainsi qu’elle ne souhaite pas monumentaliser la guerre de 53 ans, et refuse de lui rendre hommage parce qu’elle ne considère pas que la guerre puisse permette des triomphes, puisque lors des 53 ans tout le monde a été perdant et aujourd’hui « nous sommes tous des survivants de la guerre »
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