La créativité négative du nettoyage en tant que praxis artistique

À propos

Dans l’avant-propos de son livre La Part maudite, Georges Bataille parle de la gêne qu’il éprouvait étant écrivain, de devoir écrire sur l’économie plutôt que la littérature. Je ressens pareillement la nécessité de me justifier d’aborder l’économie en ouvrant un discours sur l’art. La mise en valeur de la capacité créative dans l’ensemble de l’industrie du XXIe siècle, redéfinit la créativité comme source de la valeur économique qui elle-même résulte d’une forte productivité. Privée de son caractère ludique et improductif, l’activité créative se met à être exploitée par le système capitaliste qui domine non seulement la vie économique mais également sociale et culturelle. Si l’on synthétisait ces réflexions dans le vocabulaire bataillien, l’on pourrait avancer qu’on utilise désormais l’énergie créatrice en excès en vue de produire sans rien en dépenser. Autrement dit, on exige volontairement à la créativité une utilité profitable.

De surcroît, le développement rapide des technologies encourage et accélère les activités créatives, en permettant que des énergies créatrices de toutes sortes se libèrent dans la réalité comme une série d’éruptions volcaniques. Dans ce déroulement de créations, ce que l’on entend par « créativité » serait a priori la force qui fait advenir l’énergie créatrice à la réalité. Elle est censée être la force féconde qui fait naître des richesses matérielles aussi bien qu’immatérielles. Je propose d’appeler cette force productrice la créativité positive en opposition à la créativité négative que nous tentons de définir au long du mémoire présent. La créativité positive produit sans relâche des « œuvres » ; étant purement ému et pris par la « joie » de la création, on est moins attentif à la destination de ces choses créées. Tant mieux si elles rejoignent le courant économique et acquièrent de la valeur sur le marché. Qu’y aurait-il de plus beau que de pouvoir vivre de son art ?