Flaubert et la question du positivisme dans Bouvard et Pécuchet : littérature et savoirs au XIXe siècle

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Bien que Flaubert soit un homme du siècle positiviste, la tradition critique avait tendance à décrire ce rapport d’une manière négative, en raison de l’antipathie manifeste de l’écrivain envers Auguste Comte et le mot « positivisme ». Pourtant, la forte similarité entre les idées positivistes et les pensées de Flaubert indique un rapport plus complexe qu’un simple rejet. Afin d’éclairer ce rapport à nouveau, cette étude propose d’abord de considérer le positivisme comme un courant épistémologique plus large que la philosophie d’Auguste Comte. Dans cette reconsidération, le positivisme se révèle, loin d’être un scientisme dogmatique, comme un relativisme scientifique, très proche de la position épistémologique de Flaubert.Bouvard et Pécuchet, en particulier certains de ses épisodes dont l’implication épistémologique est le plus manifeste constituent pour cette étude le lieu où est constaté le positivisme de Flaubert. Par l’analyse génétique de ces épisodes du roman, cette étude montre que, dans son examen critique des sciences, l’écrivain se fonde lui aussi sur une pensée scientifique qui n’est pas autre chose que le positivisme dans sa forme critique, parfois radicale. En dernier lieu, cette étude analyse l’écriture de Flaubert à la lumière du positivisme. Cette étude propose le monisme phénoméniste, qui est l’une des idées directrices du positivisme, comme une clé interprétative de la pensée flaubertienne, comme l’idée jouant un rôle d’intermédiaire entre sa pensée esthétique et sa pensée philosophico-scientifique.

While Flaubert is a man who belongs to the positivist century, the critical tradition has tended to describe this relationship in a negative way, due to the writer's obvious antipathy to Auguste Comte and the word "positivism". Yet the strong similarity between positivist ideas and Flaubert's thoughts indicates a more complex relationship than a simple rejection. To shed new light on this relationship, this study first suggests considering positivism as a broader epistemological current than the philosophy of Auguste Comte. In this reconsideration, positivism reveals itself, far from being a dogmatic scientism, as a scientific relativism, very close to the epistemological position of Flaubert. Bouvard et Pécuchet, particularly some of its episodes whose epistemological implication is the most evident, constitute for this study the place where Flaubert's positivism is noted. Through the genetic analysis of these episodes, this study shows that, in his critical examination of science, the writer also relies on a scientific thought that is nothing other than positivism in its critical, sometimes radical form. Finally, this study analyzes Flaubert's writing in the light of positivism. This study proposes phenomenal monism, which is one of the guiding ideas of positivism, as an interpretive key to Flaubert's thought, as the idea playing an intermediary role between his aesthetic thought and his philosophical-scientific thought.