« Vérités et contre-vérités en expertise médicale » : la vérité des parties, loyauté rigoureuse ou morale élastique

À propos

Il est impensable de mentir dans une expertise médicale. Et pourtant… ! Pour un nombre non négligeable de justiciables, cette faute honteuse est une méthode comme une autre, afin de faire valoir une position trompeuse auprès de l’expert et que, dans leur esprit, l’expert comprenne bien comment il doit statuer. La philosophie du mensonge emmène le lecteur de Platon à Kant, de St Augustin à Jankelevitch, la nécessaire rigueur des uns contrastant avec l’indispensable souplesse des autres. L’analyse psychologique des tenants fondamentaux du mensonge nous montre les modalités de l’élaboration du processus. On pénètre la vie psychique du menteur, face à ses contraintes, ses dépendances et ses moyens d’évitement, ses mécanismes de sécurisation, parfois sa chûte. La culpabilité le rendra visible, l’habitude le préservera. L’incohérence contextuelle apparait être un des meilleurs déterminants de détectabilité parmi nos 702 dossiers d’expertise médicale. La conséquence du mensonge dans la procédure est majeure. Le neuro droit invite à l’analyse de la pensée, mais doit garantir la fiabilité scientifique tout autant qu’un non dépassement des prérogatives procédurales, afin de préserver les droits de la défense face à d’éventuelles sur-utilisations, abusives. L’évaluation des méthodes de détection montre qu’une méthode a postériori permet d’obtenir la meilleure performance pour mettre en évidence la tromperie. Au-delà des paramètres complexes et de la clinique du mensonge, c’est bien l’incohérence, situationnelle et scientifique, qui constitue finalement le meilleur élément de détection du mensonge, parmi les méthodes que nous proposons.

It is unthinkable to lie during a medical expertise. And yet…! For a significant number of litigants, this shameful fault is a method like any other, in order to assert a misleading position in front of the expert and, in their mind, to induce the expert’s statement towards the “right direction”. Philosophy of lie takes the reader from Plato to Kant, from St Augustine to Jankelevitch, the necessary rigor of some of them contrasting with the essential flexibility of the others. The psychological analysis of the fundamental tenants of lie shows us the modalities of the elaboration of the process. We penetrate the mental life of the liar, faced with his constraints, his dependencies and his means of avoidance, his security mechanisms, sometimes his fall. Guilt will make him visible, habit will preserve him. Contextual inconsistency appears to be one of the best determinants of detectability among our 702 medical expertise files. The lie has major consequences on the trial. Neuro-law invites us to the analysis of thought, but must guarantee scientific reliability as well as non-exceeding in procedural prerogatives, in order to preserve the rights of the defense against possible abuse over-use. Assessment of methods for detection shows that the best way to detect the liar is the retrospective approach allowing to bring out the fraud with a very satisfactory performance. Finally, beyond the complex parameters and the clinical features of the lie, situational and scientific inconsistency constitutes the best element of lie-detection among the proposed methods.