Une déscolarisation de la rescolarisation : Comment l'accompagnement des décrocheurs au sein du dispositif MLDS s'inspire-t-il de celui des chômeurs ?

À propos

Cette thèse montre comment le modèle d’accompagnement des décrocheurs au sein du dispositif de remobilisation MLDS (Mission de lutte contre le décrochage scolaire) s’apparente à celui des bénéficiaires d’aides sociales (notamment des chômeurs) qui tend à s’individualiser, se psychologiser et se conditionnaliser. Cette proximité tient à la mise à l’écart de la forme scolaire au profit d’objectifs relatifs aux compétences sociales (confiance en soi, ouverture d’esprit, volonté, esprit d’entreprendre.) Les enseignements sont moins axés sur l’élève que sur la personne avec sa psychologie, ses désirs et son corps. La qualité de cette rescolarisation, notamment à travers les orientations auxquelles auront ensuite accès les élèves, est « conditionnalisée » à l’engagement supposé du jeune dans le dispositif plus qu’à des attentes d’ordre scolaire. Cette imprégnation des évolutions des politiques sociales tient à une synergie de facteurs à la fois liés à l’histoire du et des dispositifs, aux manières contemporaines de traiter les difficultés scolaires, aux partenariats extérieurs noués par la MLDS, ainsi que du rapport critique envers l’institution scolaire des acteurs de terrain qui coordonnent les classes de remobilisation. Peu efficaces du point de vue des effets annoncés, de la présence et de l’adhésion des élèves, les modalités d’action finissent par reporter sur le décrocheur la responsabilité de sa situation. En généralisant, la multiplication des dispositifs pourrait constituer un nouveau « réseau de scolarisation » fait d’accompagnement social personnalisé, de mise à l’écart, d’attente et de période creuses préparant à la précarité.

This thesis shows how the model of support for dropouts within the MLDS « remobilization » program (Mission to fight against school dropout) is similar to that of social benefit recipients (notably of unemployed) which tends in France to individualize, psychologize and conditionalize. This proximity is observed in the setting aside of the school form in favor of objectives relating to social skills (self-confidence, open-mindedness, willingness, entrepreneurial spirit.) Individualized pedagogy is carried out but less on the student than on the person with his psychology, his desires and his body. The quality of this support, in particular through the orientations to which the pupils will then have access, depends on the supposed commitment of the young person in the system rather than on standard school expectations. This impregnation of the changes in social policies, is due to a synergy of factors both linked to the history of this type of programs, to contemporary ways of dealing with educational issues, to the external partnerships established by the system, as well as the critical relationship with the educational institution of field workers who coordinate the remobilization classes. Not very effective from the point of view of the announced effects, on the attendance and the support of the pupils, the methods of action end up transferring responsibility for their situation to the dropout students. By generalizing, the multiplication of devices could constitute a new "schooling network" made up of personalized social support, exclusion, waiting and slack periods preparing for precariousness.