Music in declamation and phonè : sources of the poetics and the actorial practice of Carmelo Bene

À propos

L’objet de ce travail est le « tournant concertistique » de Carmelo Bene, analysé en perspective historique. Commencée en 1979 avec le Manfred de Byron-Schumann, l’aventure de Bene dans le genre du mélodrame fut poursuivie jusqu’à 1983, avec Egmont. D’une part, cette phase de Bene est observée par rapport à la carrière riche et hétérogène de l’artiste, dans laquelle des instances déjà cultivées (la musicalité, la déclamation, la centralité de l’acteur) trouvent une complète maturation ; d’autre part, elle est analysée à travers le réseau de relations culturelles, étendues au niveau européen. L’historisation de Bene, près de deux décennies après la mort de l’artiste, permet de retracer de nombreux fils surprenants qui lient l’acteur à différentes expériences historiques. Point culminant de sa recherche autour de la voix et la déclamation, la phonè fut annoncée par l’acteur après la rencontre fondamentale avec le répertoire des mélodrames. Dans ma thèse, j’essaie d’identifier les sources culturelles qui ont contribué à la maturation de cette vision, en m’écartant des catégories courantes du canon critique survenu après la mort de l’artiste. Je montre que le discours polémique de Bene rappelle au contraire des domaines théoriques et historiques qui, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, avaient constitué un pivot majeur de la pédagogie de l’acteur. À cet égard, je dédie un chapitre à l’évolution de l’enseignement de la déclamation comme discipline didactique entre la France et l’Italie, jusqu’à l’expérience culminante de Luigi Rasi à Florence, où l’héritage culturel d’Ernest Legouvé joua un rôle déterminant.

This thesis focuses on the musical turn of Carmelo Bene, analysed in historical perspective. Begun in 1979 with the Manfred of Byron-Schumann, Bene’s adventure in this particular genre was pursued until 1983, with Egmont. In this thesis this artistic experience is observed in relation to Bene’s rich and heterogeneous career, in which several instances already cultivated (the musicality, the declamation, the centrality of the actor) found a complete maturation; on the other hand, it is analysed through the network of cultural relations, extended to the European level. Bene’s historization, a recent and still largely unexplored operation, allows to trace many surprising threads that link the actor to the historical experiences that preceded him. As a culmination of his research into voice and declamation, the notion of phonè was announced by the actor after the fundamental encounter with this particular musical repertoire. In my thesis, I try to identify the cultural sources that contributed to the maturation of this vision, at the same time taking distance from the more amplified and recurring categories in the critical canon that arose after the artist’s death. Bene’s polemical discourse recalls theoretical and historical fields which, during the 18th and 19th centuries, formed the pedagogical focus of major institutions. In this regard, I dedicate an excursus to the evolution of declamation as a discipline in the academic context between France and Italy, until the very last experience of Luigi Rasi in Florence, where the cultural heritage of Ernest Legouvé played a decisive role.