La formation du jeune adulte par la grande itinérance du voyage autour du monde

À propos

L’objet de cette thèse est l’expérience de la grande itinérance du voyage autour du monde, questionnée comme potentiellement formatrice et située dans le paradigme de l’éducation tout au long de la vie. Nous proposons de considérer que cette forme de voyage constitue une forme particulière de rite de passage formateur, en effet, il se spécifie de prolonger considérablement l’expérience de l'absence de cadres de références culturels. Cette recherche permet ainsi d'interroger le potentiel éducatif d'une forme d’expérience liminaire spécifique tant par sa durée que par son intensité. Envisager ce voyage autour du monde comme une éducation tout au long de la vie nous semble légitime pour au moins deux raisons. D’une part, dans nos sociétés occidentales contemporaines, l’individu est contraint de se construire une identité autonome et performante dans chacun de ses groupes d’affiliation, contrainte dont le voyage itinérant autour du monde et le métissage avec l’Autre permet de s'émanciper au moins en partie, conduisant le voyageur à s'éprouver non plus comme substance dotée de permanence, mais comme construite et altérable, ouverte aux tournants biographiques. D’autre part, dans une société de plus en plus globalisée, il ne suffit plus d'être performant dans sa culture et il est impossible de s’acculturer à toutes les cultures, d'où l'intérêt d'apprendre à naviguer et communiquer dans un contexte de plus en plus culturellement hétérogène. Le voyage autour du monde peut ainsi constituer une initiation à un monde de plus en plus globalisé et à une construction identitaire au long cours de plus en plus métissée.

The subject of this PhD is the round-the-world journey experience, questioned as potentially educating and located in the paradigm of lifelong learning. We propose to consider that this form of travel is a special form of rite of passage, in fact, it specifies itself by extending greatly the experience of the lack of cultural reference frameworks. This research would question the educational potential of a specific form of liminal experience both in its duration and its intensity. Consider that round-the-world travel as a part of lifelong learning is legitimate for at least two reasons. Firstly, in our contemporary western societies, the individual is expected to build an autonomous and powerful identity in each of his affiliated groups, a constraint that traveling around the world and métissage with the Other allows oneself to be emancipated from, at least in part, leading the traveller to experience himself not as an essence fixed in permanence, but as built yet alterable and open to biographical turning points. Secondly, in an increasingly globalized society, it is not enough to be efficient in one’s own culture nor is it possible to acculturate all cultures, hence the need to learn to navigate and communicate in an increasingly culturally heterogeneous context. The round-the-world journey thus constitutes an initiation to an increasingly globalized world and to a wide-ranged and increasingly mixed identity construction.