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Le printemps international du genre : enjeux politiques et savants de l'institutionnalisation et de l'internationalisation d'un champs d'études

Sujets

Etudes sur le genre -- Etude et enseignement (supérieur), Féminisme -- Aspect politique, Etudes sur les femmes

Description

Enregistrements vidéos du colloque international "Le printemps international du genre : enjeux politiques et savants de l'institutionnalisation et de l'internationalisation d'un champs d'études.", organisé par Anne E. Berger (PR, Littérature française et Genre, Paris 8) et Eric Fassin (PR, Science politique et Genre, Paris 8) les 26 et 27 mai à l'université Paris 8 et aux Archives Nationales.

Présentation

Les paradoxes de l’institutionnalisation

Le développement d’études féminines ou de genre (women’s studies ou gender studies), en France comme ailleurs, repose sur un paradoxe : d’un côté, c’est un mouvement social et politique qui en a été le catalyseur ; de l’autre, leur essor implique que la recherche s’autonomise du militantisme. De fait, aujourd’hui, les études sur le genre et les sexualités constituent bien un champ autonome, comme l’attestent les revues et colloques pour ce qui concerne la recherche, en même temps que les nouvelles formations et les diplômes universitaires qui en dessinent les contours pédagogiques. Le paradoxe redouble actuellement : on peut s’inquiéter non plus seulement d’une marginalisation de ce champ d’études, mais aussi désormais, symétriquement, de sa normalisation. L’institutionnalisation expose en effet à la dépolitisation : la (relative) reconnaissance de recherches jusqu’alors illégitimes se paierait ainsi d’un prix élevé s’il leur fallait se contenter de rentrer dans le rang universitaire.

Pour autant, rien ne condamne ce champ académique à se couper du féminisme, ou plutôt des féminismes. L’autonomisation savante n’est pas nécessairement une rupture avec la politique. D’ailleurs, ce sont les épistémologies féministes du « savoir situé » qui ont permis d’interroger les illusions de la « neutralité » scientifique. Enfin, les analyses que produisent ces études peuvent à leur tour alimenter et infléchir l’action politique. La tension productive entre recherche et engagement dans ce domaine fera ainsi l’objet d’une attention particulière tout au long de notre colloque.

Les tournants politico-théoriques

Penser les enjeux politiques et épistémologiques des études de genre, ce n’est pas seulement confronter celles-ci à la politique féministe (et vice-versa) ; c’est aussi explorer les tensions à la fois théoriques et politiques qui les traversent – en particulier autour de l’articulation problématique entre questions de genre et de sexualité (voire entre femmes et minorités sexuelles), mais aussi entre questions sexuelles et raciales (sinon entre femmes blanches et minorités raciales). Comment ces tensions se sont-elles formulées et théorisées depuis trente ans ? Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les effets de l’internationalisation

Réfléchir à la constitution de ce champ d’études aujourd’hui, c’est enfin interroger la géopolitique du genre. Les féminismes ont fleuri un peu partout dans le monde. Mais l’institutionnalisation des études féministes, de genre et de sexualité se révèle très variable : selon les pays, elles restent très inégalement reconnues. Toutefois, c’est à tort qu’on les identifie, en particulier en France, à la seule « Amérique ». Non seulement ces études ont pris pied dans les Amériques, mais aussi sur les différents continents. L’heure n’est donc plus à opposer un centre et une périphérie : ce colloque s’intéressera plutôt, pour penser cette internationalisation, à la pluralité des centres d’études, et au décentrement qui en résulte. Il importe désormais d’analyser l’internationalisation des études de genre dans toute leur complexité, soit à la fois l’élaboration d’un langage commun, y compris dans les institutions internationales, et la pluralité des féminismes, voire des postféminismes, inscrits dans des histoires inséparablement locales et globales ; bref, il faut prendre pour objet tout à la fois la construction nationale des études de genre et la circulation internationale qui les constitue.

Ainsi, commémorer quarante années d’existence d’un Centre d’études, ce n’est pas tant célébrer l’endurance du féminisme universitaire, désormais inscrit dans la durée, que revenir sur cette histoire pour orienter notre présent vers un avenir. « D’où venons-nous ? » : cette question prend tout son sens par rapport à deux autres : « Où en sommes-nous ? » et « Où allons-nous ? »

Programme :

26 Mai, Amphi X, Paris 8

9h30 Ouverture par Sandra Laugier, professeure de philosophie, université Paris 1, Directrice adjointe scientifique, chargée de l’interdisciplinarité, INSHS, CNRS.

9h45 Laurence Gavarini, vice-présidente adjointe du Conseil Scientifique de Paris 8, ancienne co-directrice de l’École Doctorale Pratiques et Théories du Sens, enseignante-chercheuse associée au Centre.

10h Introduction, Anne E. Berger et Éric Fassin.

10h 30 Session 1 : Institutionnalisation et pluralisation des féminismes. Présidente de la séance: Annie Benveniste, Paris 8.

- « Is Feminism a Bad Memory? » par Griselda Pollock, professeure d’histoire de l’art et d’études féministes, Université de Leeds, Royaume-uni.
- « Institutionalization of Gender Studies and Pluralization of Feminist Theory » par Tuija Pulkkinen,  professeure de philosophie politique et d’études de genre, Université de Helsinki, Finlande.
- « Ouvrir, traduire et coaliser : l’hospitalité des études féministes » par Delphine Gardey, professeure d’histoire et d’études de genre, Université de Genève, Suisse.

12h Discutante, Aurélie Damamme.

14h30- 17h : Session 2 : L’internationalisation entre obstacles et  avancées. Présidente de séance: Annick Allaigre, Paris 8.

- « Un centre d’études de genre dans un contexte social bloqué et une institution en difficulté » par Carmen Belloni,  professeure de sociologie et d’études de genre, Université de Turin, Italie.
- « Avancer malgré la répression. Études de genre et mouvements féministes et LGBT en Turquie » par Pinar Selek, sociologue, réfugiée politique, docteure en science politique de l’université de Strasbourg.
- « Les études de genre en Amérique latine entre défi et méfiance » par Mara Viveros Vigoya, professeure d’anthropologie et d’études de genre, Université nationale de Colombie, Bogota.

16h30 Discutant, Éric Fassin.

27 mai, Grand Auditorium des Archives Nationales.

10h Ouverture de la journée par Michèle Riot-Sarcey, professeure émérite en histoire moderne et histoire du genre, fondatrice du RING, ancienne membre du Centre.

10h30 – 13h Session 3 : Les métamorphoses d’un champ: tournants politiques et avenirs théoriques. Président de la séance: Bertrand Guillarme, Paris 8.

- « From Phallic Feminist Mothers to Polymorphous Queer Children: Institutionalising Stories of Queer/Feminist Difference » par Clare Hemmings, professeure de théorie féministe, Gender Institute, London School of Economics, Royaume-Uni.
- « Futurity: Thinking about ‘the future’ in Feminist theory » par Ranjanna Khanna, professeure de littérature et de Women’s Studies, Duke University, États-Unis.
- « The Lure of Post-Critical » par Elizabeth Weed, Co-fondatrice et ancienne directrice, Pembroke Center for Teaching and Research on Women, Brown University, États-Unis.

Discutantes, Anne E. Berger et Nacira Guénif-Souilamas.

14h30- 17h Session 4 Logiques (trans)nationales : Président de séance: Rémy Bethmont, Paris 8.

- « Études de genre et Études sur la sexualité au Brésil : deux champs opposés ou complémentaires? » par Miriam Pillar Grossi, professeure au département d’anthropologie et directrice de l’Institut d’études de genre (IEG) et du Groupe de recherche sur les identités de genre et les subjectivités (NIGS), Université Fédérale de Santa Catarina, Brésil.
- « Institutionnalisation du genre dans l’espace universitaire et légitimation scientifique de l’action politique en faveur de l’égalité de genre au Sénégal : le rôle du Laboratoire Genre de l’IFAN dans l’aboutissement de la loi sur la parité » par Fatou Sarr, sociologue, maîtresse de conférences et directrice du Laboratoire Genre et recherche scientifique de l’IFAN Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal.
- « Le genre est mort. Vive le genre! Les études de genre en Espagne » par Marta Segarra, professeure de littérature française et francophone et d’études de genre, Université de Barcelone, Espagne.

Discutantes, Valérie Pouzol et Mercedes Yusta.

Auteur

Berger, Anne E.
Fassin, Eric

Date

2014/05/26 - 2014/05/27

Identifiant

COLN0007

Droits d'accès

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