Récit d’une exposition, cycles, alternatives et spiritualités
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Mémoires de Master RechercheCiter ce document
À propos
Le féminisme et la compréhension d’une certaine répartition des tâches ou des comportements selon les genres se construit depuis longtemps — surtout en France, mais nous y reviendrons — autour d’une dichotomie : l’essentialisme ou l’existentialisme. L’année dernière, j’introduisais ma première recherche universitaire avec cette division et un avis, peut-être quelque peu expéditif, se plaçant du côté d’une féminité construite socialement qu’il fallait éliminer, ou peut-être entièrement reconstruire. Les épreuves et débats quotidien·ne·s, personnel·le·s, politiques ou encore de simples lectures que je pensais m’orienter toujours plus du côté des thèses culturalistes m’en ont, en réalité, plus éloignée qu’autre chose. C’est à ce stade de réflexion que le courant écoféministe intervient comme une nouvelle manière de penser les genres, le « féminin » en particulier. Le féminisme, comme de nombreuses luttes, peut prendre diverses formes égales. S’il s’est d’abord construit comme une opposition systématique à ce que le masculin forçait sur le féminin ou, plus précisément, projetait sur le genre, un « conformisme à une analogie douteuse opérée par une société patriarcale» est aussi une manière de lutter, au risque d’être perçue comme un abandon, presque une acceptation de ce que l’homme affirme être un travail de femme, une affaire de femme, en somme, l’essence féminine.
« Il s’agit de penser et de nous penser au moyen d’un autre regard dans l’urgence du changement climatique sans régresser sur le chemin parcouru par le féminisme. »
(Citation : Alicia Puelo, « Pour un écoféminisme de l’égalité », dans Multitudes, 2017, n ° 67, p. 76)
On viole la terre comme on viole la femme, le cœur d’une femme c’est comme une fleur prête à être cueillie, l’art des femmes c’est de représenter la Nature, la nature de la femme, etc. ; tant d’analogies entre féminin et végétal banalisées qui se sont habilement frayé un chemin dans nos imaginaires. Une chose est certaine, comme la plupart des stéréotypes et des idées reçues, ces associations ont une origine commune : la (le désir de) domination de l’homme occidental, cisgenre, hétérosexuel et valide, sur tout « autre » ou « différent » que lui. Dès lors, comment penser ces schémas de domination que l’on retrouve, quasiment à l’identique, dans les analyses des différent·e·s exploité·e·s et dominé·e·s par ce pouvoir hégémonique ? Au contraire de la majorité des luttes connues, l’écoféminisme a la particularité de revendiquer une mise en commun des combats féministes et écologistes, des entités au premier abord, relativement différentes. Pourtant, si l’on y réfléchit à deux fois, il semble logique au vu de l’urgence climatique actuelle, que celle- ci prenne le dessus dans l’optique de pérenniser toute autre revendication sociale ou politique. Qu’adviendrait-il des égalités entre les genres, les religions, les classes sociales, les ethnies ou les différentes espèces vivantes dans le cas d’une extinction de l’humanité ? Là où les exploiteurs ne réfléchissent qu’au présent quant à l’accroissement de leurs profits et de leur pouvoir, les luttes des opprimé·e·s se pensent davantage dans la durée. C’est donc sous cette condition que l’avenir écologique devient la priorité absolue, mais aussi un dénominateur commun permettant éventuellement de lier toutes les luttes entre elles ; en somme, l’écologie devient le déclencheur de l’intersectionnalité.
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