Silvia Federici, perspectives pour des écoféminismes incarnés : Travail, contre-récit et subsistance

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Pieragostini, Éloïse, “Silvia Federici, perspectives pour des écoféminismes incarnés : Travail, contre-récit et subsistance,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 28 avril 2024, https://octaviana.fr/document/274222558.

À propos

Autrice et militante féministe italo-américaine, Silvia Federici est née à Parme en 1942, et part pour les États-Unis en 1967 pour effectuer un doctorat de philosophie à l’Université de Buffalo. Elle s’implique dans le mouvement de libération des femmes états-uniens mais elle fera des aller-retours constants entre les États-Unis et l’Italie pour militer aux côtés du mouvement opéraïste et des féministes marxistes à Padoue. Elle a par la suite enseigné au Nigeria à l’Université de Port Harcourt puis à l’Université Hofstra de New-York à partir de 1987, où elle est aujourd’hui professeure émérite en sciences politiques. Son parcours est à la fois celui d’une universitaire, d’une enseignante, et d’une militante et théoricienne féministe, tour à tour qualifiée de « matérialiste », « marxiste », « autonome » ou « radicale ». L’œuvre de Federici parvient en France lors de la dernière décennie, avec la traduction de Caliban et la sorcière en 2014 et de Point zéro : propagation de la révolution en 2016, qui introduisent la notion de travail de reproduction et la figure de la sorcière qui sera beaucoup reprise par les milieux féministes, et contribuent également à la discussion de l’alliance entre le féminisme et le marxisme. Ses ouvrages suscitent un fort intérêt, et par la suite nombre de ses productions seront traduites en français, rendant presque toute l’œuvre de Federici accessible aux francophones. Cette découverte des écrits de Federici concorde avec un large phénomène de traductions, rééditions et développements du corpus écoféministe en France dans la même décennie et qui se poursuit encore aujourd’hui. Si nous pouvons soutenir que ce phénomène de redécouverte des écoféminismes s’engage avec la parution du recueil de textes Reclaim dirigé par Emilie Hache en 2016, des productions le précèdent et une multiplicité d’ouvrages le suivent, auxquels s’ajoute la diffusion du terme. Ainsi l’œuvre de Federici et les productions écoféministes suivent une trajectoire temporelle de traduction et de diffusion similaire et si ces deux corpus gagnent de l’importance de manière concomitante dans les Études sur le genre en France, il ne s’agit pas d’un hasard mais du signe qu’ils s’inscrivent dans un même mouvement de la théorie féministe et ont des perspectives communes.

Federici emprunte à certaines écoféministes : on trouve dans ses ouvrages des références aux travaux d’autrices écoféministes, comme Vandana Shiva et Maria Mies. Elle s’inspire de ces dernières sur certains thèmes, et elles ont de nombreuses positions en commun. Federici fait aussi référence à Ariel Salleh de laquelle elle est proche sur le plan théorique, comme nous aurons l’occasion de le montrer dans cette introduction. De plus, Federici étudie des pratiques de résistances qui peuvent être qualifiées d’écoféministes. Ainsi, dans son travail elle dialogue constamment avec les écoféminismes, et l’échange a également lieu dans le sens inverse, dans la mesure où ses écrits sont largement utilisés dans les mouvements écoféministes (et par des autrices écoféministes). C’est le cas surtout de son ouvrage Caliban et la sorcière, et de la figure de la sorcière qui y est développée, parfois prise pour point d’appui dans des démarches qui peuvent se déclarer écoféministes. Et ce alors que Federici ne se revendique pas écoféministe elle-même ni ne se positionne au sein de ces mouvements. Aussi analyser les perspectives écoféministes chez une autrice qui ne se déclare pas écoféministe peut paraître surprenant et simplement prometteur d’une théorisation de ces aller-retours multiples pour identifier des similitudes. Est-ce alors une manière d’affirmer qu’elle est, dans le fond, « sans le savoir », écoféministe ? Il s’agira davantage dans ce mémoire de dessiner des perspectives, et non pas de procéder à une assimilation.

Sujets

Federici Silvia -- Critique et interprétation Écoféminisme Philosophie politique

Auteur

Pieragostini, Éloïse

Collaborateur

Möser, Cornelia (Sous la direction de)

Source

Paris 8

Date

2023

Identifiant

274222558

Droits d'accès

Accessible à tous

Conditions d'utilisation

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Discipline (Thèse)

Études sur le genre

Domaine (Dewey)

305 Groupes sociaux
320 Science politique : l’Etat et le gouvernement
172 Ethique politique, civisme
190 Philosophie occidentale moderne
195 Italie