Voix, narration et performance de la féminité chez les chanteuses de metal

À propos

Si les prémices du métal datent du début des années 1970, il faudra attendre la seconde moitié des années 1980 pour que des chercheurs commencent à étudier ce nouveau mouvement musical. La parution en 1991 du livre Heavy Metal: a Cultural Sociology  de   la sociologue   américaine   Deena   Weinstein   marque   un   tournant   dans l’étude   du   metal,   et   devient   un   des   ouvrages   fondateurs   des  metal   studies.   Cette étude très large circonscrit le mouvement métal ainsi que ses composantes culturelles et définit notamment le concert comme le climax de la culture metal. Sorti en 1993, l’ouvrage de Robert Walser Running with the Devil. Power, gender and Madness inHeavy   Metal   Music,  aborde   la   question   du   métal   d’un   point   de   vue   plus musicologique, avec   par   exemple   l’analyse   des   différents   modes   musicaux   et   leur usage dans le métal, les inspirations puisées dans la musique savante occidentale de certains groupes, ainsi que des questions relatives au genre et à la masculinité.

Les études sur le métal sont progressivement passées d’un niveau holistique, dans les années 1990 en visant à décrire et définir le métal en tant que genre global, à des études de plus en plus ciblées à partir des années 2000, tout en connaissant unessor considérable dans le même temps. Les articles et ouvrages plus contemporains se spécialisent généralement sur un ou plusieurs sous-genres particuliers du métal, quien compte près de soixante-dix, comme l’ouvrage de Keith Kahn Harris portant sur le métal extrême, ou bien sur un artiste ou un groupe en particulier, comme la thèse de Cyril Brizard traitant des voix chantées chez Nightwish. Avec l’émergence de la «new   musicology», mouvement   universitaire   auquel   Robert   Walser   est   lié, un nombre croissant de travaux liés au genre, aux représentations et aux performances de genre dans le métal sont publiés. La «new musicology» désigne un champ de la recherche   en   musicologie   qui   inclut   dans   sa   démarche   analytique   les   études culturelles   (cultural   studies),   les   études   de   genre   et   les   études   post-coloniales (postcolonial   studies). Mais le Kaiser remarque   dans   son   mémoire   qu’il   existe   un grand   nombre   d’articles   universitaires   ou journalistiques   se   posant   la   question de l’attrait que peut exercer une musique en apparence si misogyne pour les femmes, qu’elles soient simples fans ou musiciennes. À titre personnel, lorsque j’ai assisté en 2019   à  un   séminaire   consacré   à   la   recherche   sur   le   métal,   un   journaliste   d’un quotidien national cherchait à interviewer des chercheuses et des membres féminines du public à propos de leur ressenti sur le fait «d’être une femme dans le métal», preuve que cette question passionne toujours autant.