Géopolitique des frontières : stratégies pour l’accès aux ressources et à la souveraineté de la Guyane Essequibo

À propos

En 2013, l’armée vénézuélienne arrête un navire en mission de prospection d’hydrocarbures sous l’autorisation du Guyana, sur une zone économique exclusive sur laquelle il n’y a pas de frontière entre ces deux États. L’opération d’affirmation de souveraineté s’inscrit dans la dispute pour la Guyane Essequibo, située au sein du Bouclier Guyanais : une unité géomorphologique particulièrement riche en ressources naturelles, dont les limites constituent le périmètre à l’intérieur duquel, les rivalités pour s’y approvisionner s’intensifient. Dans un contexte économico-stratégique marqué par la raréfaction des énergies fossiles, qui représentent 83.1% du mix énergétique mondial en 2021, des transnationales du secteur accélèrent et étendent la géographie de leurs développements pétroliers, en l’occurrence, vers ladite aire maritime disputée. Entre 2015 et 2022, plus de 11 milliards de barils d’équivalent pétrole y ont été découverts à la fois qu’un rapport de forces s’est exprimé, sur le terrain, par des manœuvres d’interdiction de zone, par l’arraisonnement de navires, par des exercices militaires, etc., entraînant une territorialisation conflictuelle qui attise le risque géopolitique. A partir du cas de la Guyane Essequibo et de la dispute de souveraineté qui y persiste, ce travail interroge la notion de territoire-ressource à plusieurs échelles et à l’aune des représentations concurrentes des acteurs en lice, par l’étude de leurs stratégies de contrôle territorial briguant l’accès à des ressources stratégiques et à la « maîtrise perpétuelle du territoire ».

In 2013, the Venezuelan army arrests a ship on a hydrocarbon exploration mission under the authorization of Guyana, in an exclusive economic zone where there is no border between these two states. The operation to assert sovereignty is part of the dispute over the Guiana Essequibo, located within the Guiana Shield: a geomorphological unit particularly rich in natural resources, whose boundaries constitute the perimeter within which rivalries for supplies are intensifying. In an economic-strategic context marked by the scarcity of fossil fuels, which represent 83.1% of the world's energy mix in 2021, transnational companies in the sector are accelerating and expanding the geography of their oil developments, in this case, towards the said disputed maritime area. Between 2015 and 2022, more than 11 billion barrels of oil equivalent were discovered in the area, and a balance of power has been expressed on the ground through area closure maneuvers, ship boarding, military exercises, etc., leading to a conflictual territorialization that fuels the geopolitical risk. From the case of Guiana Essequibo and the dispute of sovereignty which persists there, this work questions the notion of territory-resource at several scales and in the light of the competing representations of the actors in contention, by the study of their strategies of territorial control briging the access to strategic resources and the « perpetual control of the territory ».