Le temps dans les films de Luchino Visconti

Citer ce document

Murcier, Bertrand, “Le temps dans les films de Luchino Visconti,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 19 avril 2024, https://octaviana.fr/document/174377177.

À propos

Quelle image du temps des modèles philosophiques ou empiriques permettent-ils de définir dans les films de Visconti, cinéaste de la durée et de la rupture, de la crise familiale ou intime, de la représentation d’époques en mutation ? L’hypothèse d'un temps dialectique doit être écartée : la temporalité vectorisée des films les plus progressistes est doublée par des configurations respectives et cycliques, l'irruption du temps historique perturbe toute homogénéité, et le travail de relecture ou de réécriture de l'histoire par la fiction parachève le démembrement du modèle accumulatif et totalisant. D’où une reconsidération de la notion de décadence, hors dialectique, sous l'angle d'une sémiotique des intensités d'inspiration nietzschéenne. Nietzsche intervient positivement comme opérateur de lecture de la temporalité filmique. Bien que son influence directe soit douteuse et sa présence figurative ou textuelle limitée, sa trace est repérable a travers des filtres culturels et l'inscription d'un retournement du platonisme. Plus largement, sa tripartition de l'histoire est reprise et la maladie historique conjurée par des formes transversales : picturalisation, deshistoricisation, intériorisation. Quant a la question du retour, deployée thématiquement sous sa version négative, elle est surtout irradiée dans des fragments filmiques ou s'expose un temps paradoxal et non circulaire, à travers l’épreuve d'un enfin trop tard. Mais la temporalité viscontienne n'est pas réductible a un éclairage nietzschéen. Elle peut être appréhendée plus frontalement avec de grandes formations de la modernité post-nietzschéenne. Le simulacre, la mythification et le fragmentaire concourent a définir une temporalité spiralaire, dont les instruments de relance sont reconduits de film en film. Ainsi se dessine l'image d'un cinéaste intempestif, contraignant à réévaluer la fécondité de catégories esthétiques dominantes, renvoyant aussi à l’inquiétante difficulté d'habiter le temps.

Visconti stands foremost among the poets of disruption and duration. May philosophical or empirical patterns will enable us to bring out the images of time that shaped his rendering of personal or familial crises swept by the turmoils of history ? the pattern of dialectical time won't do : even his most linear, final or progressive films rely on seminal cycles and repetitions. As historical time casts asunder every attempt at homogeneity, the fictional reading or rewriting of history disrupts the unifying drive of totalization and accumulation. Visconti's reluctance to consider history as progress accounts for his reliance on the nietzschean semiotics of decadence tending towards a definition of values in terms of intensity. Even if nietzsche exerted little direct influence on visconti, nietzschean concepts do open new avenues in the reading of visconti's film- forms. Textual or figurative references to him are scarce. But the cultural filters implemented by visconti and his insistence on a total reversal of platonism hark back to his trinitarian vision of history : time and again, the ghost of history as our common disease is dispelled by the building of tranversal forms. Nietzsche's celebration of return, thematically developped in its negative version, reaches its apex in the aura of filmic fragments inwardly hallowed by a paradoxical vision of a time which is neither linear nor circular. That vision is centered on the tragic relief that comes at the end of the ordeal, when it is too late at last. Yet visconti's treatment of time cannot be accounted in perspectives. Direct access to it can be gained in terms of post-nietzschean modernity : the interplay of shams, the mythopoetic drive and the power of fragmentation led us to define time in visconti as an endless spiral whose ends he endeavours to pick film after film. Timelessness has to be untimely. Visconti's reevaluation of current aesthetic categories shadows our disquietude as dwellers in time.

Sujets

Cinéma italien Espace et temps

Auteur

Murcier, Bertrand

Collaborateur

Ropars, Marie-Claire (sous la direction de)

Source

Paris 8, BU - Saint-Denis, Magasin 2, 948/1TH & 948/2TH

Date

1997

Identifiant

174377177

N° national de thèse

97PA081326

Droits d'accès

Accessible à tous

Conditions d'utilisation

Toute reproduction même partielle est interdite sans accord exprès de l'auteur

Discipline (Thèse)

Littérature française

Domaine (Dewey)

840 Littérature française