Philosophie matérialiste et autonomie politique, le cas des matérialistes français du XVIII° siècle

Collection

Science politique

Citer ce document

Schneckenburger, Benoît, “Philosophie matérialiste et autonomie politique, le cas des matérialistes français du XVIII° siècle,” Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 29 mars 2024, https://octaviana.fr/document/167228625.

À propos

Acteurs déterminants des Lumières, les matérialistes français du XVIII° siècle ont longtemps été méprisés, tant par les penseurs idéalistes que par des théoriciens marxistes soulignant l'absence de dialectique de leur approche. Le renouveau de l'étude de ce courant radical permet de mettre en perspective leur relation complexe à la question politique. Peut-on discerner dans le matérialisme une approche spécifique de la politique ? Elle suppose une autre conception de la causalité appliquée à l'action et aux fins. L'histoire du matérialisme démontre que la politique est seconde par rapport à une préoccupation anthropologique plus fondamentale : l'eudémonisme. Les cadres conceptuels de la philosophie politique doivent être renouvelés car l'axiologie matérialiste se comprend en termes d'émergence ; la totalité synthétique découle d'une conception atomistique de la société ; l'action repose sur une production et non une création. Malgré leur empirisme radical, Julien Offroy de La Mettrie et Claude-Adrien Helvétius manifestent deux approches opposées : celle du réductionnisme biologique et celle du travail de la culture. Tous deux mènent le combat contre la censure et l'obscurantisme religieux, mais au réductionnisme corporel répond une préoccupation de l'éducation et du social. L'un considère le politique comme un fait ; l'autre la politique comme à faire. Le matérialisme lamettrien dessine une politique despotique gérant les affects du troupeau humain ; celui d'Helvétius une voie vers les politiques d'émancipation. L'hypothèse du tout biologique reprend une approche inégalitaire, là où le hasard de la rencontre des corps appelle pour Helvétius une politique de l'égalité.

Though major players of the Enlightenment, the French materialists of the 18th century were long looked down on, both by the idealistic philosophers and Marxist's theorists who denounced their undialectic approach. The revival of the study of this radical current of thought allows to put their complex relation to the political question in perspective . Can we make out a specific materialist approach to politics ? This implies another conception of causality applied to action and to ends. The history of materialist tradition shows that the political issue is second in regard to a more fundamental anthropological concern : eudemonism. Abstract concepts of political philosophy must be renewed, because materialism implies emergence ; synthetic totality ensues from an atomic conception of society ; action must be explained as production rather than creation. In spite of their common radical empiricism, Julien Offroy de La Mettrie and Claude-Adrien Helvétius show two opposite approaches: biological réductionism on one hand and culture on the other. Both stand against censorship and religious obscurantism, but physical réductionism goes with a concern for education and social issues. The first one considers politics as a fact ; the other considers politics should be something to be done. La Mettrie's materialism leads to a despotic government ruling the affects of the human herd; that of Helvétius a way towards the policy of emancipation. The hypothesis of biological determinism leads to an inegalitarian approach, whereas to Helvétius, the chance encounter of bodies calls for human equality.

Sujets

Mouvement des Lumières Matérialisme Philosophie politique

Auteur

Schneckenburger, Benoît

Collaborateur

Mairet, Gérard (sous la direction de)

Source

Paris 8, BU - Saint-Denis, Magasin 2, TH3064

Date

2011

Identifiant

167228625

N° national de thèse

2011PA083440

Droits d'accès

Accessible à tous

Conditions d'utilisation

Toute reproduction même partielle est interdite sans accord exprès de l'auteur

Discipline (Thèse)

Sciences politiques

Domaine (Dewey)

320 Science politique : l’Etat et le gouvernement