Phonographies documentaires

À propos

Depuis l’invention en 1877 du phonographe par Edison, il est devenu possible d'archiver ce qui jusqu'alors échappait à toute objectivation : les sons du dehors. Grâce à l'appareil technique, le son devient, sous sa forme enregistrée, un document, une trace, un témoignage du réel. À partir d’un choix d'exemples très divers empruntés à la musique contemporaine et à l'art sonore (Bernd Alois Zimmermann, Luigi Nono, Steve Reich, Luc Ferrari…), le présent travail étudie les conséquences de cette mutation sur le plan de l'esthétique musicale. Le document sonore est abordé comme "corps étranger" au sein de la structure autotélique du musical, un corps étranger qui ne cesse de faire signe vers le réel empirique : le moment t de la capture sonore. Le document affecte l'œuvre musicale dans sa supposée inaliénable autonomie, mais dans le même temps offre un terrain d’expression à une variété de pratiques jusqu'alors inédites dans le champ musical.

Since 1877 and Edison's phonograph, it has become possible to archive the sounds of the outside real, which hitherto could not be objectified. A recorded sound can be considered the objective trace or document of a past event : a testimony of the empirical real. Through a bunch of examples chosen in contemporary music and sound art (Bernd Alois Zimmermann, Luigi Nono, Steve Reich, Luc Ferrari…), this thesis studies the consequences of this mutation on the aesthetic field. What is here called "sound document" is the "foreign body" which appears in a musical composition as a sign refering to the real, the very moment of the sound capture. This element affects the musical composition in its supposedly inalienable autonomy, yet at the same time offers a wide range of expressions for a variety of practices which were hitherto unfamiliar to the musical field.